La croissance surprotéinée de Feed.

E-Commerce Nation

10.04.2019


podcast feed

E-MERCHANDISING | PODCAST | PRODUIT / PIM / MDM

« FEED ça vous fait gagner du temps, c’est parfaitement équilibré, c’est économique, abordable et pratique lors des journées où tu es surchargé ou quand tu es à l’extérieur. On utilise tous ces éléments comme arguments pour communiquer car ils répondent en grande partie aux attentes du consommateur » – Anthony Bourbon

Hello à tous,
J’espère que vous allez bien ? Je me présente, je suis Nicolas J. Chevalier, Explorateur en Chef et fondateur d’E-Commerce Nation. Je vous retrouve cette semaine pour le nouvel épisode du podcast des Explorateurs du E-Commerce en compagnie de Anthony Bourbon, fondateur de Feed. J’espère que celui-ci vous plaira tout autant que les précédents.

Dans ce podcast je vous emmène dans les coulisses du e-commerce en France. Comme chaque mercredi, vous découvrez les retours d’expérience exclusifs, des histoires inspirantes et des personnalités hautes en couleur. J’espère que vous êtes confortablement installés pour ce voyage au coeur de la nation du e-commerce.

Nicolas Chevalier :
Bonjour à tous. Aujourd’hui je reçois Anthony Bourbon, dirigeant et fondateur de Feed. Bonjour Anthony !

Anthony Bourbon:
Bonjour !

Nicolas Chevalier:
Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, quel est ton parcours ? Je sais que c’est un parcours atypique. Dis-nous quelques mots sur comment tu en es arrivé jusque là, à créer Feed. et donc à faire évoluer cette structure.

Anthony Bourbon:
J’ai 30 ans et un parcours atypique effectivement. J’ai commencé par une formation de juriste, je me destinais à être avocat, mais j’ai vite compris que cela ne me convenait pas et que j’allais m’ennuyer très rapidement. Au cours de mes premières expériences professionnelles, dans les cabinets de grands groupes notamment, j’ai compris que faire des promesses synallagmatiques toute la journée ce n’était vraiment pas quelque chose qui me motivait. J’avais déjà vécu plusieurs aventures entrepreneuriales en parallèle de mon job ou de mes études et ça m’avait toujours vraiment excité, j’ai donc décidé d’y aller à fond. J’ai pas mal voyagé, j’ai fait de l’import export, de l’immobilier, des concessions automobiles, vraiment plein de business différents et variés, et c’est comme ça que j’ai réalisé que je sautais beaucoup de repas et que je n’avais pas le temps de bien manger. Je me suis alors posé la question “Comment pourrait-on manger mieux, plus efficacement, sans y passer trop de temps et surtout pour avoir la pêche toute la journée ?”.

Du coup j’ai regardé un peu ce qui se faisait sur le marché. J’ai vite constaté qu’il n’y avait pas de produits qui répondaient à nos besoins. Il y avait des trucs de régime, mais c’était à 200 calories maximum. C’était vraiment pour perdre du poids, et donc au bout d’une heure j’avais encore plus faim que si je n’avais pas mangé. Je suis alors tombé sur une marque aux États-Unis qui s’appelait Soylent, qui faisait des repas complet. Mais ils ne livraient pas en Europe et ils ne livrent toujours pas. Dans tous les cas, ce n’était pas du tout adapté aux usages français car les produits sont remplis d’OGM, sans aucune saveur, sans variété, avec seulement 400 calories par repas car les Américains font plusieurs repas, donc il fallait boire deux bouteilles pour avoir l’équivalent d’un repas européen. Bref il y avait plein de raisons pour lesquelles ce type de produit ne se sera jamais adapté pour notre marché. Du coup j’ai commencé à faire mes recettes, mais sans avoir en tête l’idée de la commercialiser. C’était plus pour répondre à mes besoins, comme souvent avec les start up. Et quand j’ai vu que c’était intéressant et qu’il avait une traction autour du projet (car j’avais des collègues et des amis qui en mangeaient) j’ai décidé de m’entourer de médecins, de nutritionnistes, d’ingénieurs agroalimentaire, de manière à pouvoir professionnaliser la marque, de l’ industrialiser et de l’offrir au plus grand nombre.

presentation des produits feed

Nicolas Chevalier:
Tu disais que sur notre marché on est très différent, on a une approche de l’alimentaire qui est assez sacrée, d’autant plus en France, on parle de Slow Food. Est-ce qu’au final tu as senti une réticence par rapport à ce produit là ? Tu disais aussi qu’il y avait de l’attraction, par une certaine cible de personnes. Du coup, quel est l’accueil qui a été fait à Feed ?

Anthony Bourbon:
Feed. est un produit évidemment super clivant en France. Au début quand j’ai commencé tout le monde me disait “Mais n’y va pas, tu vas perdre ton temps, ça ne fonctionnera jamais, tu ne feras jamais plus de 100 000€ de chiffre d’affaires, on est au pays de la gastronomie on aime bien manger”. Et en réalité en année 2 on est déjà plus de 60 personnes dans la boîte et on a levé plus de 20 millions. On fait des dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires. Comme quoi la seule chose qui compte c’est la data et pas un feeling, un ressenti. Il faut se baser sur des choses qui sont concrètes.

levee de fond feed

Néanmoins il ne faut pas se voiler la face, il est évident que Feed. est un produit qui divise. Maintenant c’est intéressant d’avoir un produit qui est clivant parce qu’au moins il permet de pénétrer très rapidement un marché. Si tu essayes de couper un truc avec le dos d’une cuillère tu vas avoir du mal parce que ça ne tranche pas. Si tu arrives avec une hache, tu mets un coup dans ta bûche elle va se couper en deux vite fait. Donc on a conscience qu’il y a peut-être 60 ou 70% du marché qui ne s’intéressera pas à nous et qui ne consommera jamais les produits Feed., mais 20 ou 30% bien travaillés avec des life-time value qui sont intéressantes, avec des coûts d’acquisition qui sont bas et surtout un très gros repeat, ça nous permet déjà de faire des business de plusieurs centaines de millions d’euros, comme c’est le cas aux Etats-Unis avec Soylent. Maintenant à nous de savoir l’expliquer, à nous de l’adapter au marché, d’avoir des bons arguments. C’est très important et c’est parfois ce qu’on a loupé. On n’a pas été assez didactique, on a pas assez expliquer, et les gens avaient l’impression qu’on était là pour imposer une solution qui allait révolutionner l’alimentation. Alors qu’en réalité Feed. c’est une alternative, c’est une option qu’on propose. Et l’objectif n’est pas du tout de se substituer intégralement à la nutrition traditionnel, mais plutôt d’apporter une solution qui va vous simplifier la vie et qui va vous faire gagner du temps dans les moments où vous êtes pressés.

Nicolas Chevalier:
Ok très bien, je te propose maintenant de plus faire un peu le bilan de cette évolution de Feed. autant sur le plan entrepreneurial que sur l’aspect du marché, du business. C’était quoi les périodes phares sur l’année passée? Tu as parlé de levée de fonds, votre effectif a grandi de combien de personnes, c’était quoi les chantiers sur lesquels tu as travaillé en priorité ?

Anthony Bourbon:
En quelques chiffres, Feed. a commencé en janvier 2017 et en moins de deux ans on est passé de zéro employé à plus de 60 employés, on est passé de zéro point de vente à plus de 3500 points de vente, on est passé de zéro euro en caisse à plus de 20 millions de d’euros levés avec 3 tours de table différents et on fait des dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires. C’est vraiment impressionnant de voir à quel point tout a été vite, on est passé d’une recette à plus de 50 recettes. Il y a eu un engouement exceptionnelle autour du projet, évidemment parce que ça répond à un besoin et que les clients comprennent le produit et se l’approprient, mais surtout parce qu’on est une équipe très déterminée, une équipe de jeunes avec une moyenne d’âge de 28 ans. Et du coup ce sont des gens qui croient aux rêves, qui croient aux grandes possibilités et c’est ce que j’adore chez Feed., on ne se fixe aucune limite. Quand on dit à nos futurs salariés en recrutement, nous notre objectif c’est d’aller racheter des grands groupes comme Danone Nestlé, ils ne nous disent pas “non c’est impossible”. Ils nous disent “d’accord comment on s’y prend ? “. Et ça c’est cool, parce qu’on réalise qu’avec une bonne pénétration du marché tout est possible.

equipe feed

Nicolas Chevalier:
Et alors je pense qu’il y a pas mal de friction de passer de 0 à 60 personnes. Nous on a fait une levée de fonds aussi sur l’année passée, on est passé de 3 personnes à 18 collaborateurs et déjà il y a déjà des problématiques à lever. Comment toi tu as perçu ça ? Quelles étaient tes difficultés ? Est-ce que tu avais des mentors pour t’accompagner par rapport à ça ou tu avais une vision très précise des étapes à mettre en place pour cette évolution ?

Anthony Bourbon:
C’est vrai qu’il y a différentes évolutions qui se sont dessinées au cours des mois. J’en vois trois principales. La première étape, c’est quand on est un peu tout seul moins de 5 ou 10 collaborateurs, c’est vraiment très transverse. Il faut des profils qui soient capables de gérer toutes les problématiques, qui soient à la fois un peu tech, un peu business, un peu produit. C’est un moment où personne ne dort beaucoup et tout le monde est dans l’ultra productivité. Ensuite il y a l’étape où tu commences à recruter. Pour moi c’est une étape clé car il faut trouver les bonnes personnes qui vont transmettre ta vision et ton ADN de manière à ce que l’énergie que tu essayes de véhiculer soit transmise de la façon la plus pure possible. Donc le recrutement c’est très compliqué et il ne faut pas se louper.

Du coup nous pendant quasiment un an on n’a fait que ça. On a recruté énormément et là on vient de rentrer dans la troisième étape où on est dans la structuration pure et dure de management. On essaye de faire un org chart qui soit le plus clair possible, où les gens trouvent leur place et ont assez de cadre pour savoir où il faut aller tout en ayant de la liberté. L’important c’est que les collaborateurs s’éclatent. Il faut qu’ils s’amusent, il faut qu’ils soient en autonomie, il faut qu’ils soient indépendants, ils faut qu’ils puissent être force de proposition dans leur quotidien. Donc là on est en train de vraiment petit à petit construire les fondations, rentrer dans le dur. Et ce sont trois étapes qui sont parfaitement différentes, mais tout aussi excitantes les unes que les autres. Il faut savoir s’adapter très vite et c’est à mon avis une des forces des start up qui réussissent. C’est qu’elles sont capables de changer de métier tous les trois à six mois, s’adapter très vite.

Nicolas Chevalier:
D’accord. Tu parlais de points de vente. Nous on est très passionné de e-commerce chez E-Commerce Nation. Le e-commerce ça représente quoi chez Feed. ?

Anthony Bourbon:
Ça représente plus de 70% de nos ventes. Donc on est clairement une marque digitale avant d’être une marque de retail. C’était intéressant d’avoir ce dual channel en quelque sorte, dans le sens où ils se nourrissent mutuellement. Un client qui commence à acheter Feed. online peut parfaitement aller en acheter chez Franprix ou Monoprix à côté de son travail ou à côté de sa salle de sport. Et ensuite redevenir client online ou inversement. Même si naturellement le online est quand même beaucoup plus rapide parce qu’on n’a pas besoin d’une force de vente comme c’est le cas en offline, il suffit d’appuyer sur un bouton pour toucher des centaines ou des millions de personnes avec une ads qui est bien pensée. Donc très clairement notre notre ADN vient du digital et c’est comme ça qu’on ouvre les marchés, quand on ouvre un pays on teste d’abord on line, on regarde s’il y a de l’attraction, si les métriques sont bons et ensuite on y va avec les commerciaux sur le terrain.

carte points de vente feed


Nicolas Chevalier:
Aujourd’hui vous êtes présents sur combien de pays ?

Anthony Bourbon:
On a 30 pays qui nous commandent online, et en offline on est présent dans 4/5 pays où on commence vraiment à s’installer. Donc le online est largement en avance. C’est un peu notre ouvreur de portes.

Nicolas Chevalier:
D’accord. Tu parlais de levier comme les Ads et le packaging. Mais il y a aussi la stratégie influenceurs et le community management où il me semble que vous êtes très présents. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ces leviers ou si tu as des leviers additionnels pour le online ?

Anthony Bourbon:
Oui bien sûr. Les classiques ads sur Facebook, Instagram, Twitter, YouTube évidemment et on est dessus. Ce sont les contenus que tu vas imposer aux utilisateurs, donc c’est les plus agressifs. C’est l’étape la plus difficile et avec un coût d’acquisition qui va être un peu plus élevé, mais néanmoins c’est nécessaire pour faire vite connaître le produit. Après on fait évidemment une stratégie SEA/SEO où là pour le coup on répond à une recherche. Quelqu’un qui va taper “repas en poudre” ou “repas Feed.”, là on va lui apporter de l’information, donc c’est un peu plus bas dans le tunnel. Et puis on fait ensuite du retargeting tout en bas pour les gens qui ont déjà visité le site, les gens qui sont déjà au fait de ce qu’on fait. On se rappelle à leurs bons souvenirs en leur disant “tu n’as toujours pas finalisé ton achat”, “est-ce qu’on peut t’aider”. On a toujours plus de 400 ads spécifiques qui tournent. En fonction des besoins on ne va pas pousser les mêmes pubs aux sportifs, aux étudiants, aux gamers ou aux mamans qui viennent d’avoir un enfant. Donc c’est vrai que c’est compliqué à gérer parce qu’on a des algorithmes qui calculent tout ça et parfois il y a des erreurs.

On est connu aussi pour aller tellement vite que parfois on fait des mini bad buzz, parce qu’il y a des erreurs qui sont faites. Mais ce n’est pas complètement déconnant et nous on est fier de nos erreurs, même si on essaie évidemment de les éviter au max. On ne peut pas apprendre à marcher sans tomber de temps en temps, et du coup souvent on tombe et les gens nous clash sur Twitter parce qu’ils aiment bien critiquer et puis ce n’est pas grave on se relève et on réfléchit déjà à comment on peut faire mieux le coup d’après. Et ça nous permet de toujours se surpasser de toujours oser. C’est super important pour une startup et notamment dans le digital de tenter des choses. Donc one ne blamera jamais quelqu’un qui a fait une erreur chez nous parce qu’elle a essayé une nouvelle idée. Ce n’est pas grave si tu as testé quelque chose et que ça n’a pas marché, on ne le refera plus et au moins tu as tenté quelque chose. Ce qu’il y a de pire c’est une équipe qui est dans le confort et qui veut surtout ne pas prendre de risques, parce qu’elle aurait peur de se faire réprimander si elle fait une erreur. Donc moi je préfère que les gens fassent des erreurs et qu’ils testent des choses.

campagne publicitaire feed

Et puis après les influenceurs comme tu en as parlé. Évidemment, c’est quelque chose qui fait du sens pour nous. Nos publics sont assez jeunes entre 18 et 35 ans on va dire. Passé 35 ans même parce qu’on n’exclut personne et qu’on a des consommateurs de tout âge et de tous milieux. Nous avons une cible urbaine avec des sportifs et des CSP/CSP+. C’est assez étonnant d’ailleurs, on a un public qui est très éduqué, qui se renseigne énormément, qui lit, qui essaie de comprendre ce qu’on met dans nos recettes. Donc il faut qu’on trouve les bonnes méthodes pour leur parler, et les influenceurs font partie de leur quotidien. Aujourd’hui tout le monde va sur Instagram ou sur Facebook ou sur d’autres réseaux sociaux pour regarder ce que font les personnes qu’ils considèrent comme étant en tout cas influenceurs. Et ça fait du sens de leur faire passer notre message.

extrait compte instagram feed

Nicolas Chevalier:
Et surtout que vous avez une marque forte avec un produit qui est clivant donc j’imagine que vous avez des consommateurs qui sont des ambassadeurs forts et qui vont peut-être avoir un discours beaucoup plus authentique et donc cette logique d’influence va être plus étalée sur une logique de micro influence, et plus sur une logique de fan base et de masse ?

Anthony Bourbon:
Oui je suis d’accord c’est difficile de trouver des gens qui parlent bien du produit et ça peut vite le décrédibiliser. Je pense que les gens sont pas bêtes et qu’il faut être le plus naturel possible. Donc on essaye d’être le plus transparent possible.

Nicolas Chevalier:
C’est vraiment intéressant, je pense que c’est une tendance globale où aujourd’hui pour une start up on évalue beaucoup plus la rapidité et la vitesse que le travail de qualité. Pourquoi ? Parce que comme tu l’as dit t’es sur une logique d’itérations, donc ce qu’il faut c’est qu’il vaut mieux échouer et vite comme, ça tu apprends plus tôt et tu peux te remettre sur la bonne voie plutôt que de prendre le temps de se préparer et de bien réfléchir les choses et de se planter au bout de plusieurs mois. Cette logique de rapidité de vitesse surtout dans votre logique d’hyper croissance, de nouveaux marchés, elle a un sens et au final c’est ce qui vous permet avec une marque forte de fédérer des gens et donc toujours d’aller de l’avant.

Anthony Bourbon:
Evidemment c’est clé pour tout le monde. Nous on est dans l’A/B testing pur et dur. Alors évidemment on ne fait pas n’importe quoi et on réfléchit à ce qu’on lance, mais il n’y a pas de réunion. C’est-à-dire que nous on fait une réunion elle dure 10 minutes, à la fin on se dit “bon on essaye oui ou non”. Mais on va pas réfléchir 20 ans, faire des brainstorming. Il y a beaucoup de gens qui critiquent sur ce qu’on peut faire, mais la réalité c’est qu’en 2 ans si on avait pris le temps à chaque fois qu’on voulait tester quelque chose de se poser, de l’écrire sur un tableau blanc et puis de mettre les plus et les moins, on en serait encore à réfléchir s’il faut aller chez Franprix ou Monoprix. Alors qu’entre temps on a recruté plein de monde et qu’on a fait du business. Donc même pour l’équipe c’est quand même beaucoup plus excitant d’être dans une boite qui teste des trucs, qui est une sorte de LaunchPad d’innovations.

D’ailleurs on parle beaucoup avec les industriels et certains nous font des propositions de rachat ou veulent investir. Donc c’est aussi ce qui excite les gens et ce qui nous permet de pas avoir de turn over chez Feed. On a personne qui part de l’équipe. Sur les 60 personnes, il doit y avoir trois ou quatre départs grand maximum, mais pour la plupart parce qu’ils allaient à l’étranger. Donc les gens sont contents de travailler ici, on leur fait confiance et du coup ils sont super investis.

Nicolas Chevalier:
Alors t’as parlé de cette logique RH, comment tu fais pour trouver les bonnes personnes et donc que ce soit les bonnes personnes pour qu’elles restent à terme ? Est-ce que t’as un process, c’était quoi ta mécanique quand t’as fait cette levée de fonds ? Parce que je sais que sur Paris, si tu mets une offre en place il y a des milliers de candidats ou des centaines qui postulent. Comment tu arrives à faire un peu l’écrémage et à trouver des gens qui sont dans la bonne philosophie pour développer ton projet ?

Anthony Bourbon:
C’est vrai que c’est une étape clé importante et pas facile. Nous on a, comme pour tous les process, fait quelque chose de très simple très efficace. Il y a encore une fois pleins de livres qui ont été écrits ou quand tu vas dans les incubateurs on t’explique qu’il faut faire des méthodes réputées aux États-Unis. Mais nous on ne perd pas de temps avec ces trucs là, on fait au feeling. C’est-à-dire qu’on fait les choses, il faut évidemment que les gens aient des skills, mais on regarde surtout si la personne croit au projet et si elle est motivée. À partir du moment où il y a de la passion, c’est plutôt bon signe et pour le tester on demande en général des petits devoirs. On leur dit de venir le jour de leur entretien avec une présentation. Donc si c’est quelqu’un qui vient pour faire du offline, il va nous dire j’ai vu que vous étiez pas dans tel ou tel magasin, j’ai été parlé au responsable de rayon et si vous voulez on peut dealer un truc, si c’est une graphiste elle va venir avec des propositions, des intentions de packaging. Disons que c’est toujours ce petit truc d’aller chercher l’extra miles, en se disant comment je peux démontrer qu’avant même d’être recruté je me suis impliqué dans la boîte.

Et comme on veut que les personnes soient épanouies, on préfère toujours annoncer la couleur de manière très frontale en entretien, en leur disant écoutez on ne veut pas vous vendre quelque chose qui n’est pas réel. Feed., voilà comment ça se passe. On bosse dur, on s’éclate énormément tous ensemble parce que c’est une véritable famille qu’on a créé, avec des gens qui sont soudés, qui s’entraident, qui sont là les uns pour les autres.

equipe feed

Néanmoins, on n’est pas là pour trier les lentilles, on est là pour envoyer du gros bois. Il faut que ça pulse. Il faut des gens qui ont de l’ambition, il faut des gens qui soient motivés et ça fait vraiment un écrémage assez naturel parce que ça nous différencie des personnes qui viennent juste pour chercher un job de confort ou un job pour payer son loyer. Dans une startup c’est pas ce qu’on va chercher. Dans une startup tu vas chercher une aventure, tu vas chercher un épanouissement personnel en ancrant quelque chose qui fait ton quotidien. Quand tu te lèves le matin, bon bah tu sais pourquoi tu vas là-bas pour changer le monde et combattre presque les grands groupes qui sont contre toi. Donc il y a un aspect aussi très conquête, qui est super motivant pour les équipes.

Nicolas Chevalier:
Super, moi je pense que ça nous donne pas mal d’idées sur la structuration sur cette évolution de 2018, sur votre levée de fonds, sur cette logique de recrutement, sur l’approche du marché. Je te propose maintenant c’est davantage de se projeter sur l’année 2019. Là tu parles d’une éventuelle levée de fonds. C’est quoi tes axes en termes de développement, en termes de stratégie ? Est-ce que tu peux nous livrer quelques infos là dessus ?

Anthony Bourbon:
Yes, on est dans un process du coup de levée. Ce n’est pas facile pour nous parce qu’on a vraiment tout qui nous tombe dessus en ce moment. À la fois des investisseurs qui veulent rentrer, on a beaucoup de propositions de rachat de la part d’industriels. Donc on ne peut pas non plus balayer d’un revers de main tout ce qui se passe. On est obligé d’observer le marché donc on a pris une banque d’affaires pour nous simplifier un peu tous ces process et qu’on reste concentré sur Feed. C’est la clé et c’est souvent une erreur que font les start up. Elle se focus sur leur argent, sur leur levées et du coup elles oublie l’opérationnel. Sauf que c’est l’opérationnel qui te permet d’avoir des chiffres et ces mêmes chiffres te permettent de lever. Donc tout étant lié, il ne faut pas non plus trop te defocus.

Donc on va aller faire une levée pour pouvoir encore accélérer le business d’un point de vue international, on a démontré que même dans un pays qui n’est pas forcément intuitif comme la France, on arrive à imposer un produit, c’est qu’on pourra le faire encore plus facilement à l’étranger. Les premiers Insight qu’on a, que ce soit en Angleterre, que ce soit en Allemagne ou aux Pays-Bas, ça cartonne et le produit est encore plus facilement adopté parce qu’ils ont l’habitude de ce type de solution. Ils ont moins de temps pour manger que nous, ils ont des pauses de 10-20 minutes maximum, ils sont très égoïstes sur leurs dépenses et des gens très pragmatiques qui vont calculer qu’un repas à 2 euros 50 c’est quasi impossible de faire mieux. Du coup ils sont beaucoup plus factuels que les Français qui sont sur un aspect un petit peu sacralisé de la nourriture, où ils ont l’impression de bien manger entre midi et deux. Mais en réalité ils mangent une salade où ils vont manger un sandwich. Quand tu compares de manière très factuelle, ce n’est pas sain du tout, mais bon peu importe. Donc l’international c’est vraiment ce qui nous anime. On pense évidemment aux Etats-Unis qui nous font des clins d’œil de temps en temps. On a beaucoup d’investisseurs américains qui nous poussent à aller là-bas, on le fera le moment venu, quand on sera prêt, quand on considérera qu’on a déjà bien quadrillé l’Europe qui est déjà un beau terrain de jeu, il y a de quoi faire.

Et puis évidemment des nouveaux produits, des nouveaux formats. On veut constamment proposer de l’innovation et donc on a des nouveautés qui vont sortir dans les prochaines semaines avec des formats toujours plus gourmands, toujours plus pratiques. On avait commencé avec des produits très rupturistes comme la poudre ou les barres, de manière à aller un peu choquer le marché. On savait que ça allait faire bouger. Là on essaye d’ouvrir des produits qui sont un peu plus habituels pour le marché français. On a fait une pâte à tartiner qui est super bonne et qui est un véritable repas complet. C’est-à-dire que tu manges ta pâte à tartiner avec du pain et tu as l’intégralité de tes apports. Alors tu peux le prendre comme un repas complet ou comme un snacking qui est sain à quatre heures, juste t’en prends un peu moins. Donc ça ça marche très fort et on a d’autres formats un peu dans l’esprit qui vont se présenter dans les prochaines semaines.

crunchy edition limitee feed

On va continuer à améliorer nos recettes, on va continuer à améliorer notre UX sur le site. On va continuer à développer l’intelligence artificielle qui permet de pousser les produits adaptés, le CRM aux bonnes personnes au bon moment avec des contenus toujours plus engageants, tout en faisant parler de la marque parce qu’on continue à créer quelque chose de fort. C’est une idée NVB donc c’est quelque chose qui doit transmettre de l’émotion. On a une fondation aussi qui va faire son arrivée, on va lancer une fondation qui est hyper importante pour nous parce qu’elle va démontrer que Feed ce n’est pas seulement faire du chiffre d’affaires, ce n’est pas seulement vendre des barres et des bouteilles, mais c’est plutôt démontrer que tout est possible.

Moi je viens d’une famille très pauvre, donc je suis pas du tout le cliché de l’entrepreneur qui a fait HEC et qui a ses parents qui sont dans des fonds d’investissement, au contraire. Mais c’est la preuve que n’importe qui peut réussir aujourd’hui en France contrairement à ce qui est souvent dit. Et puis si tu te donnes les moyens, tu donnes de la détermination, que tu es motivé, tu peux trouver des gens qui sont dans cet esprit et pénétrer très rapidement un marché et aller affronter des gros américains ou des Anglais qui sont assez solides. Donc oui 2019 va être une belle année bien chargée, on est impatient d’atteindre tous ces objectifs.

Nicolas Chevalier:
Grosse ligne directrice sur cet aspect européen, consolider les positions, plus de pénétration sur ces marchés-là, renforcer votre gamme aussi au niveau du site. Quelles sont aujourd’hui encore les freins. que tu vois, tu me parlais de pénétration qui est peut-être plus simple dans certaines cultures, certains pays. Est-ce qu’il y a des freins aujourd’hui ou tu te dis ça ça serait bien qu’on arrive à le résoudre ? Qui sont techniques, qui sont stratégiques.

Anthony Bourbon:
On doit améliorer notre site d’un point de vue très UX c’est évident. On travaille dessus en ce moment, il faut simplifier au maximum le message, il faut expliquer pourquoi consommer du Feed. ça fait du sens. Il faut simplifier les livraisons, il faut qu’elles soient encore plus rapides. Il faut proposer les abonnements, … On va vraiment optimiser l’UX de manière à ce que les clients soient dans un confort total et aient une expérience super intéressante. Et d’un point de vue un peu plus global, mettre de la distribution de Feed à tous les endroits. Donc là on est en train de recruter pas mal de commerciaux en région, dans des grandes villes pour que Feed. soit présent partout dans toute la France. Il y a une map sur notre site qui permet de voir tous les points de vente, et il y en a forcément un qui n’est pas loin de chez vous et du coup il faut que le produit soit le plus accessible possible. Toujours dans cet esprit d’inclusion, c’est important pour nous, inclusion dans le sens où personne ne doit être stigmatisé, ostracisé, tout le monde doit pouvoir consommer du Feed., à la fois par son positionnement prix parce que c’est un produit mass market donc il faut que tout le monde puisse l’acheter, à la fois par le cahier des charges, c’est-à-dire qu’il faut que n’importe qui puisse consommer du Feed., même les vegans, ceux qui sont sensibles à certains allergènes, qui veulent manger made in France…

composition produits feed

On essaie de faire des produits qui soient le plus ouvert possible. Et en plus ça permet d’éviter la souffrance animale, ça permet de pas mettre de conservateurs. Nous on est parfaitement alignés avec ces valeurs-là. Et puis ensuite il faudra laisser le temps au temps, je pense qu’on ne peut pas lutter contre le temps et contre la démocratisation. Un produit met du temps à s’installer, à rentrer dans les habitudes du quotidien. Ça a été le cas avec le surgelé, au début ça a été très combattu et puis après c’est devenu une habitude. Idem pour les substituts de lait maternel au début tout le monde le critiquer, puis maintenant tout le monde l’utilise. Donc Feed. rentrera petit à petit dans les usages et ça évidemment il y aura un travail de fond à faire, mais à part être patient il n’y aura pas grand chose d’autre qu’on pourra activer.

Nicolas Chevalier:
L’ancrer dans les usages et généralement c’est ce qui se passe, quand il y a des révolutions qui sont en place, il y a des mécanismes de rejet qui sont les premières réactions avant d’avoir une acceptation via des early adopters qui après le partager peut-être à une communauté plus large.

Anthony Bourbon:
Oui c’est ça. Il y a une phrase qui est top d’Arthur Schopenhauer comme on dit souvent c’est “Toute innovation passe par trois stades : elle est d’abord ridiculisée, ensuite elle est violemment combattue pour finalement être considérée comme ayant toujours été évidente.” C’est exactement les trois stades qu’on a rencontré. Au début les gens ridiculisent le projet, ils disent que c’est n’importe quoi, c’est complètement débile, que ça ne marchera jamais et que personne mangera de la poudre. Après c’est combattu. Donc là c’est un peu ce qui se passe sur Twitter, tu as tous les nutritionnistes du dimanche qui vont venir expliquer ton produit est dégueulasse alors qu’ils ne comprennent rien à ce qu’ils disent et qu’ils disent n’importe quoi. Mais malheureusement comme c’est toujours celui qui crie le plus fort qui a raison, sur Twitter il y a des gens qui vont s’emballer sans même avoir cherché à vérifier si ce qui était dit est vrai. Et puis au final toutes ces mêmes personnes qui combattaient de la même manière Facebook, qui combattaient Airbnb, qui combattaient Uber, qui combattaient les innovations qui changeaient un peu la donne, bon bah ils se sont mis à l’utiliser, puis ils trouvent ça pas mal parce que ça leur simplifie quotidien. Donc n’a pas de rancoeur et c’est le jeu, c’est à nous de trouver les bons arguments, c’est à nous d’accepter aussi le refus. Il ne faut pas forcément se braquer. Et puis petit à petit ça rentrera dans les usages.

Nicolas Chevalier:
Très bien je pense qu’on a une bonne vision sur cette année 2019, ce qui attend. On attend avec impatience ces nouveautés et ces évolutions que ça soit l’institution, l’évolution de la gamme et puis cette croissance sur les nouveaux pays. Si on se met sur un plan plus global sur la vision du marché, tu en as parlé notamment vis à vis des grands groupes de cette évolution là et de votre positionnement par rapport à ça. C’est quoi ta vision du marché à terme sur l’alimentaire ? Est-ce que tu crois en davantage de solutions du type Feed., comment tu vois aussi l’alimentaire au niveau local ? C’est quoi ta vision sur l’alimentaire dans les prochaines années sur le marché français ?

Anthony Bourbon:
Je pense qu’il va y avoir deux mouvements qu’il faut vraiment bien distinguer. Il y a les moments où on a du temps où on va rechercher le plaisir, et le moment social, c’est-à-dire qu’on va se poser autour de la table avec ses amis, qu’on va prendre plaisir à cuisiner et encore une fois Feed. ne s’oppose pas à cette catégorie. Au contraire, on est là pour offrir une solution qui va permettre d’économiser de l’argent et de gagner du temps, pour pouvoir passer plus en cuisine, mais avec des bons ingrédients. Nous ce qu’on combat ça va être les fast-food, c’est le sandwich, c’est le moment où tu sautes ton repas, et pas du tout le vrai repas traditionnel. Ce repas traditionnel est nécessaire parce que ça permet d’ancrer les familles, ça permet de parler avec tes amis, ça permet de prendre du plaisir autour de bons petits plats que tu fais soit le soir soit le week-end. Et là vraiment il va falloir des produits qui soient de plus en plus premium. Je pense que les gens en ont marre de manger de la mauvaise qualité. En fait c’est le moyen qui va disparaître selon moi. Il va y avoir le moyen qui va disparaître au bénéfice du bon, du local, du bio, les produits qui sont sains et que vous allez aller acheter chez votre poissonnier, chez votre boucher, vous allez acheter des légumes frais, des fruits frais.

bouteille recette thierry marx feed

Et puis il y a tous les autres moments où là la Smart Food prendra tout son intérêt. Les moments où vous êtes pressés parce que vous êtes en train de faire une séance de sport, ou parce que vous avez une journée trop chargée, ou parce que vous êtes dans votre voiture, ou dans l’avion, ou dans les transports, ou que vous faites du trekking dans la nature. Ben là la Smart Food vous apportera une solution qui est équilibrée, qui est saine, et il faudra le voir non pas comme un plaisir organoleptiques qui vient en concurrence, parce que forcément manger de la Smart Food ce sera toujours moins agréable que de manger un bon petit plat mijoté pendant deux heures. Mais par contre c’est un outil qui vous permet d’optimiser votre nutrition, qui vous permet d’avoir l’intégralité de vos apports et du coup de pouvoir continuer la journée en pleine forme sans avoir de carences avec des solutions qui sont de plus en plus adaptées, presque personnalisées. Je pense que c’est aussi un axe qui va intéresser le marché dans plusieurs années. Nous on commence déjà à s’y intéresser parce que les gens n’ont pas tous les mêmes besoins, n’ont pas tous les mêmes objectifs, n’ont pas tous les mêmes styles de vie et la Smart Food peut parfaitement répondre à ces besoins-là.

Nicolas Chevalier:
Très bien je pense qu’à un moment on a une vision sur ces prochaines années on sait que le marché français évolue très rapidement, avec des solutions de livraison notamment du Deliveroo, du UberEats, donc les usages en termes de nourriture, en termes d’attentes et de préparation par rapport à ça, il a y vraiment un grand changement sur ces dernières années. Et aujourd’hui on va s’orienter vers cette approche beaucoup plus transparente et qualitative de l’alimentation, ça me semble vraiment la direction qu’on prend en France.

Anthony Bourbon:
C’est sûr et certain.

Nicolas Chevalier:
Top ! Anthony je ne sais pas si tu avais des choses à rajouter. Pour moi on a couvert pas mal d’aspects, ce qui nous a permis de mieux comprendre la philosophie de Feed., de voir les prochaines étapes, de voir un peu les axes qui vous ont permis d’en arriver jusque là. C’était très enrichissant. Je te remercie en tout cas pour ce moment.

Anthony Bourbon:
C’était super sympa. Je n’ai pas de point particulier à rajouter. Merci pour l’échange et puis bon courage pour la suite de votre aventure !

Nicolas Chevalier:
Au top, merci à toi ! J’espère que ce podcast vous a plu, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la découverte de nouvelles personnalités. N’hésitez pas à vous abonner aux podcasts des explorateurs du e-commerce sur votre plateforme préférée et à partager sur les réseaux si vous avez apprécié cet épisode. À très vite pour de nouvelles aventures et n’oubliez pas que l’exploration se poursuit sur E-Commerce Nation.

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